Les yantras d’action :
Nous appellerons ainsi les yantras utilisés dans des actions de type sorcellerie. Ils peuvent être constitués de lignes, de formes géométriques, de chiffres ou d’écritures aussi bien hindoues que musulmanes. Ils se présentent sous forme de dessins, de tableaux ou de constructions géométriques. Ils servent à accomplir les six kriyās tantriques : vaśīkaraṇa, uccāṭana, māraṇa, śānti etc.
Ils servent à propitier les planètes, guérir des maladies, paralyser ou tuer un ennemi, protéger les enfants du mauvais œil, augmenter l’intelligence ou la mémoire, à éloigner une personne ou à la faire revenir, protéger un voyage ou gagner à la loterie. Il existe de ces yantras pour remédier à toutes sortes de soucis de la vie quotidienne.
Ils seront portés en amulette, placés en un lieu précis ou encore brûlés selon le rituel à accomplir.
Les types de yantras et les éléments qui les structurent :
Il y a trois types de yantra selon leurs constituants.
1. Rekhya :
Ce sont des yantras linéaires. La ligne est l’élément constituant principal.
2. Aṅkya :
Ils sont les yantras dans la constitution desquels, les nombres ont une grande importance, ou qui ne contiennent que des nombres. On considère que les énergies des sons-semences sont contenues dans les chiffres. D’après le Mantra Cūḍāmaṇi, il y a quatre types de yantras numériques. Ils sont : yantra à un chiffre, yantra à plus d’un chiffre, yantra à nombres mélangés, yantra à lettres. On regroupe parfois les lettres de l’alphabet en y référant par des chiffres. A est 1, ā est 2, i : 3 et ī : 4. Si on utilise ainsi les chiffres dans certains yantras numériques, on y voit apparaître des mantras.
3. Bījya :
Dans ces yantras, les bījams, les sons-semences sont les éléments principaux.
Forme générale des yantras :
Une autre distinction dans la variété des yantras est classifiée dans le Gaurīyāmala Tantra, on trouve quatre formes de yantras : plan, tortue, lotus et Meru.
Bhupṛṣṭha yantra (yantra plat) : On appelle ainsi un yantra sur un support plat. Il peut être tracé sur n’importe quel support.
Kurmapṛṣṭha yantra (yantra en dôme) : Ce type de yantra a la forme d’une carapace de tortue, ou d’un dôme.
Padmapṛṣṭha (yantra en lotus) : On appelle ainsi un yantra en relief.
Merupṛṣṭha (yantra en forme de Méru) : Ce type de yantra est pyramidal. La partie centrale est en pointe au sommet, et la partie inférieure est une base carrée qui va vers le haut en s’affinant. Méru fait référence à la montagne sacrée qui est l’axe du monde, mais aussi à l’axe vertébral.
Nous pouvons encore évoquer quelques utilisations spécifiques.
Āsana yantra : Lorsque l’on pratique une sādhana tantrique, on dessine un yantra sous le tapis sur lequel on s’assied pour méditer. C’est ce qu’on appelle Āsana Yantra. Par cette technique, l’acquisition de siddhis est rendue plus rapide. D’autres formes d’Āsana yantra sont dans les idoles, les temples, dans les fondations des demeures, des usines, ou des industries. Le bâtiment ou l’usine dans les fondations duquel on a placé le Śrī Yantra jouira d’une grande prospérité, et son propriétaire n’aura jamais à affronter d’insurmontables difficultés.
Maṇḍala yantra : Lorsque l’on accomplit un rituel, on assied les pratiquants en formation de façon à ce qu’ils dessinent la figure du yantra. C’est ce qu’on appelle un Maṇḍala yantra. Il comprend neuf personnes. Le principal pratiquant, assis au centre, récite le mantra choisi, tandis que huit autres sont assis aux points cardinaux et intermédiaires et récitent les Aṅga mantras et Upāṅga mantras. Cette formation assure au pratiquant des résultats rapides.
La méditation du yantra
L’Inde pense que tout ce qui se trouve dans le brahmāṇḍa (œuf cosmique), ou macrocosme, demeure aussi dans le piṇḍa, le microcosme. Les énergies cachées dans notre corps sont étonnantes et toutes puissantes. Les divinités de l’Inde sont pour la plupart les énergies psychiques inhérentes à notre corps physico-énergétique. Ainsi, la méditation sur le yantra, lors de laquelle on évoque chaque aspect de la divinité, vise à éveiller ses énergies dans le corps, c’est-à-dire à activer l’un ou l’autre des nāḍīs du système énergétique psycho-corporel. Le yantra est d’abord l’objet d’adorations : pūjās, abhiṣekas, tarpaṇam. Dans les stades ultérieurs de la Sādhana le pratiquant intériorise tous les rituels.
Nous le voyons, le yantra est un outil spirituel puissant, un mystère entre science et spiritualité. Il est la divinité, le sādhaka , et le lien entre les deux. Il est aussi un outil permettant de contrôler l’espace et les évènements. Il est soit la quintessence incarnée de la divinité, soit la mise en pratique magique de toute une science des éléments et des correspondances.