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Yoga, son, vibration, divin et cosmos (partie 1)

Dans le yoga, le son et sa vibration sont quelque chose de fondamental. Au moment où l’univers se déploie, la trame est le silence puis une vibration met en résonance l’univers à naître. Temps et espace sont créés. L’espace, c’est l’Ākāśa dont l’étymologie signifie lumière irradiante. Il est formé de la racine kās, apparaître, briller, qui donne le mot kāsā devenir visible, le ā long signifiant « à partir de son centre ». On traduit souvent ce mot par éther ou ciel.

La pensée est à ses origines une émanation dans le silence qui devient vibration sonore, puis lumineuse qui deviendra phonèmes. Ceux-ci engendreront les mots, qui eux-mêmes, au gré de vibrations de moins en moins subtiles, prendront la densité qu’on appelle « réalité ». Par exemple, du silence émane la vibration sonore arbre qui devient pensée-lumineuse- arbre qui va vibrer en phonème vṛkṣh qui deviendra la forme arbre, qui prendra la densité de la « réalité » arbre que vous connaissez.

Pour la pensée indienne, tout est en germe, tout existe déjà, avant d’apparaître. Pour faire une comparaison plus simple, vous savez par exemple que le chêne est contenu dans le gland, mais tant qu’il n’est pas devenu « réalité », vous ne pouvez pas le voir.

De même, la parole est en germe latent dans buddhi, l’intelligence intuitive, différente de citta, l’intelligence analytique. (buddh s’éveiller, connaître de façon intuitive ; citt, penser en utilisant l’organe de la pensée considéré comme un sens au même titre que l’ouïe ou la vue, mánas).

L’idée précède la parole. Ce qui fait que pour les Indiens chaque syllabe comporte une part d’énergie divine active puisqu’elle émane de la source première. Elle est l’énergie du divin dans sa vibration qu’elle soit entendue, pensée, prononcée. On comprend ainsi bien mieux le rôle des mantras récités à longueur de journée.

À noter d’ailleurs que contrairement au grec ou au latin ancien, le sanskrit n’est pas du tout une langue morte ; il est enseigné dans les écoles. Chaque année paraissent des ouvrages philosophiques, scientifiques, littéraires en sanskrit qui est toujours parlé dans certaines circonstances, colloques, émissions de radio ou autres ; c’est une langue d’érudit, mais une langue vivante. Des mots sont régulièrement créés en sanskrit pour suivre l’évolution du monde. Navette spatiale, ordinateur, etc…

Tout en sanskrit provient donc de racines ou bīja, syllabes très courtes comme expliqué plus haut. À partir d’elles, on assemble des préfixes, des suffixes, d’autres syllabes : c’est donc un jeu de lego immense qui permet d’exprimer la pensée de multiples façons sous de multiples angles ; non seulement il y a 48 phonèmes, mais pour un mot en français, il y en aura par exemple trois ou quatre en sanskrit : l’eau, la montagne, le roi, des mots simples peuvent se dire de multiples façons. Pour le riz, suivant qu’il est cuit, sucré, de telle variété, etc, vous avez une dizaine de mots.

Le bīja, ou sève première de son, ramène toujours à l’unité originelle, à la vibration fondamentale, donc au divin.

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