Un article court et simple où Stella Dupuis nous narre comme l’Inde, ses découvertes et particulièrement celles des Yoginīs ont guidé ses voyages, sa recherche et son écriture. Elle nous offre ici de découvrir le travail et les recherches de quelques unes de ses amies, autour de la pluralité du divin au féminin. Voici différentes idées de lecture et sources d’inspiration.
« J’ai fait l’Inde » : cette phrase m’a toujours fascinée quand je l’entendais de la bouche des touristes comme moi car, au contraire, bien avant de poser mes pieds sur le territoire indien, l’Inde avait déjà commencé à modeler ma vie. Les livres, la méditation, le yoga, le désir d’aventure et la recherche dans le langage des sculptures et des mythologies m’ont ouvert le chemin.
Je me suis intéressée à l’écriture après un pèlerinage au Mont Kailash et la recommandation d’un voyant (palmist). Jusqu’à ce jour, mes études et ma vie professionnelle m’avaient seulement motivée à rédiger des rapports commerciaux.
Mon premier roman Memoria de viento (Mémoire du vent) inspiré de mon voyage au Tibet, a été publié en Espagne en 2003. Dès lors, j’ai voulu trouver le temps de réaliser des recherches et approfondir les thèmes qui m’intéressaient et les partager dans des romans ou des essais. Ce désir était si grand que j’ai décidé de quitter mon travail en Suisse et suis arrivée en Inde afin d’étudier les frises sur les murs des temples Hoysala.
C’est alors, que les temples de Yoginīs sont apparus sur mon chemin. Et comme exprimé par mon ami et écrivain, William Ospina, je compris que « le destin se plaît à modifier le cours des choses, car c’est souvent la route qui décide ».
La voie des Yoginīs m’a emmenée à Varanasi où la maison d’édition Pilgrims, après avoir écouté le récit de mes voyages, a proposé de publier mes notes : The Yoginīs Temples of India, In the Pursuit of a Mystery.
Pour le lancement du livre, l’Ambassade Suisse à New Delhi a organisé plusieurs évènements dans lesquels j’ai recontré des érudits qui s’intéressaient aussi au thème des Yoginīs.
Passionnée par mes recherches, je décidais de partir à la rencontre des Yoginīs, découvrir leurs temples et toute trace qui se trouvent dans l’Inde profonde. À l’époque, les chemins ruraux étaient parfois difficiles à parcourir. Les académiciens s’émerveillaient qu’une femme et de plus étrangère, aient réussi à atteindre certains lieux isolés et d’autres oubliés.
J’ai été heureuse de partager mes photos et les informations recueillies avec les académiciens qui de leur côté ajoutaient d’autres éléments trouvés dans des textes que je ne connaissais pas. Ainsi nous avons créé une communauté de femmes ouvertes au partage et à la recherche. Ce groupe qui a traversé les années est composé de deux professeures d’histoire de l’art, une sociologue et une artiste visuelle. Avec mon esprit pratique et aventurier je les ai motivées à voyager avec moi.
L’idée de l’ouvrage Experiencing the Goddess, On the Trail of the Yoginīs (L’expérience de la déesse, sur les traces des Yoginīs) est née lors d’une conversation avec le directeur de la prestigieuse maison Aryan Books International à la Foire du livre de Delhi. Au fil des ans, les discussions avec M. Arya ont toujours été une heureuse combinaison de connaissances et de passion pour les thèmes culturels dans le vaste sous-continent indien.
Pour cette publication, il m’a semblé naturel d’inviter mes amis à partager aussi leurs connaissances intellectuelles et expérientielles exprimées dans la pluralité du divin au féminin.
Nilima Chitgopekar avec son esprit visionnaire et son vaste savoir a su transmettre sa passion pour les versets des Mille noms de la déesse, le Shri Lalita Saharamana comparés aux attributs des sculptures de Yoginīs dans le temple de Bheraghat en Madhya Pradesh.
Dans son essai, Janet Chawla apporte une perspective basée sur des années de recherche sur les rituels de naissance des femmes indiennes et le culte de « déesses de la naissance » ambivalentes – responsables de la vie ou de la mort du nouveau-né. Ses observations permettent d’établir des liens avec les aspects à la fois terrifiants et protecteurs desYoginīs.
La spiritualité de Seema Kohli, exprimée à travers ses peintures, ses sculptures, des films et des spectacles, a servi de base pour approfondir dans le langage des allégories et des couleurs. Ses poèmes et œuvres sont des mandalas qui nous conduisent à un état méditatif.
Anamika Roy est fascinée par les mystères de Yoginīs, leur importance historique et spirituelle attestée dans les textes anciens et les temples. Son article est un témoignage incontestable de l’importance des Yoginīs à travers les siècles.
Dans mon essai « Sur la route » je partage des informations précises sur les sites dédiés à la déesse. Selon le Tantra des Yoginīs du Kaula (Le Kaulajñānanirṇaya) « les rayons de la conscience (Jñāna) surgissent partout», mais il faut parfois se rendre dans des endroits reculés pour affiner nos sens jusqu’à ce que nous fassions l’expérience de ce qui est omniprésent.
C’est ainsi que le livre Experiencing the Goddess, On the Trail of the Yoginīspropose un vaste panorama autour des divinités féminines. Le nom Yoginīs vient probablement de la même racine que Yoga qui signifie union. Cette idée d’unifier la diversité est au cœur du pouvoir de la voie des Yoginīs.
Après le succès du premier livre collectif, né de l’amitié, la maison Aryan Books International nous a demandé d’écrire un deuxième : Birthing the Goddess, The Feminine and the Idea of Birth (L’accouchement de la Déesse, le féminin et l’idée de la naissance)
Dans cette dernière compilation d’essais, se trouve le fascinant travail du professeur Anamika Roy. Elle retrace la naissance de Radha, une divinité féminine apparue dans le scénario religieux et littéraire de l’Inde du haut Moyen Âge.
Nilima Chitgopekar a créé un texte vivant et évocateur. Elle énonce la naissance et les exploits de Durga, populairement connue sous le nom de Mahiṣāsuramardini dans la lutte contre le démon Mahiṣāsura. Nilima expose la naissance phénoménale de Durga.
L’essai de Janet Chawla dans ce livre n’est qu’un fragment des recherches ponctuelles qu’elle a mené pendant 25 ans sur les pratiques d’accouchement traditionnelles en Inde.
Seema Kohli, l’éditrice de ce volume, s’intéresse à la continuité de la naissance et de la mort à travers Hiranyagarbha(la matrice Universelle) et du soleil en tant que divinité féminine. Ses œuvres d’art et ses étonnants poèmes emmènent le lecteur dans le royaume où se déroule l’accouchement de la déesse.
Pour ma part j’emmène le lecteur à travers des mythes et des objets liés à la mort qui évoquent une renaissance. Je présente aussi la nécessité de l’être humain de créer des héros qui devront guider notre quotidien. Cet essai met en évidence la poursuite pour générer l’énergie de la déesse dans notre être intérieur afin d’atteindre l’immortalité.
Ces deux ouvrages sont en anglais, mais récemment j’ai publié plusieurs traductions de mes livres en français.
Bibliographie :
- Mémoire du vent, de Cuba au Tibet, (roman qui se déroule en Inde, Tibet et Cuba)
- Au-delà du fleuve Niger, (roman spirituel, et suite de Mémoire du vent.
3. Dans le ventre du poisson, Matsyendranātha et le chakra de yoginīs. (Roman)
4. Yoginīs, Le voyage initiatique. (Essai)
5. L’Oracle des Yoginīs. (Cartes divinatoires)
6. Tantra de Yoginīs du Kaula. (Traduction du manuscrit tantrique : Le Kaulajñānanirṇaya).