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Hagiographie d’Aghorācārya Kīnarām

C’est au crépuscule de la quatorzième lunaire descendante du mois de Bhādrapada dîte Aghoracaturdaśī de l’année 1658, dans le village de Rāmgārh prêt de Bénarès, que naquit Kīnarām, suite au rêve de sa mère Mānsa Devī, qui vit entrer Śiva, monté sur son taureau Nandi, dans un sanctuaire.

A sa naissance, l’enfant fut visité par trois ascètes, incarnation de la Trimūrti hindoue, qui reconnurent en lui un siddha, et lui transmirent à l’oreille, un mantra.

Très disposé spirituellement, l’enfant passait ses journée à réciter le nom de Dieu puis, comme le voulait la coutume, fut promis en mariage, à l’âge de douze ans, à une jeune fille, de trois ans sa cadette, qui mourut peu avant la cérémonie. Ce deuil précipita Kīnarām sur la voie du renoncement. Il se mit alors à parcourir les routes, jusqu’à rencontrer un saint chef de famille, du nom de Śivadās, qui, bien que reconnaissant en lui une âme exceptionnelle, décida de le tester. Il le laissa seul au bord du Gange. Le fleuve devint tumultueux jusqu’à s’approcher des pieds de Kīnarām. Śivadās reconnut le miracle qui fut le premier d’une longue série. Le jeune ascète délivra dans un village un jeune débiteur d’un zamindar local, menaçant de le tuer. Ce dernier lui proposa de rembourser sa dette en creusant directement sous ses pieds : un trésor y était enfoui. Le jeune sauvé décida alors de le suivre et devint son premier disciple, qui fut appelé Bījarām.

Kīnarām fut aussi impliqué dans les affaires politiques, à cette période troublée de la domination moghole. Il sauva des ascètes enfermés dans une prison et condamnés à broyer le grain à l’aide de pierres. Il fit bouger les pierres, toutes seules et le miracle convainquit le nawab de libérer les ascètes. Il aida notamment Shah Jahan, à récupérer le fort de Kandhar de l’occupation des troupes perses et réprimanda Aurangzeb, son fils, pour ses conduites tyranniques.

Il finit par élire domicile, à l’extrémité Nord-Ouest de l’Inde d’alors, dans la région du Balouchistan, au sanctuaire de la déesse Hinglaj. Cette dernière se cachait de lui, sous la forme d’une dévote et finit par lui révéler son identité, lui commandant d’installer un sanctuaire en son nom à Bénarès. Sur le chemin du retour, il passa par la chaîne de Girnar, où sur le mont Aghori, il rencontra Dattātreya, qui lui donna de la viande à manger, comme bénédiction et initiation, et l’envoya prêcher la voie aghori. Il le revit à Bénarès, sous les traits d’un ascète, nommé Kalurām. Celui-ci paracheva son initiation, en lui commandant de ressusciter un cadavre, flottant sur le Gange, qui devint alors un ascète aghori, du nom de Jīvayarām. Pour combler la faim de son maître, il fit également jaillir trois poissons du Gange qui atterrirent, sur un bûcher funéraire, selon la symbolique bien connue des pratiquants de la voie de gauche du tantrisme.

Kīnarām établit donc son feu sacré, à Bénarès, à l’endroit que lui avait indiqué la déesse Hinglaj. Le lieu devint un pèlerinage pour les femmes désirant enfanter, après l’un de ses miracles. Bījarām disparut, dans une nuée de chauve-souris, à la suite d’un récital de musique, et Kīnarām dans un éclair, indiquant à ses dévots, d’une voix céleste, qu’il y demeurerait présent, sous la forme du feu.

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