Voici le premier extrait en français d’une traduction de l’Agni Purāṇa, l’un des dix-huit purāṇas majeurs contenant environ 15 000 versets. L’Agni Purāṇa est raconté par Agni à Vasiṣṭha pour lui enseigner la religion et la science de Brahman. Vasiṣṭha l’a ensuite transmis à Vyāsa.
Agni dit :
Je vais vous décrire le yoga en huit membres qui vise à se libérer des souffrances dues à l’existence mondaine. La connaissance rend Brahman manifeste. Le yoga est l’arrêt des fluctuations mentales et le retrait de l’esprit de tous ses objets. C’est la plus haute union de l’âme individuelle et du Brahman Suprême.
Non-violence, véracité, non-vol, célibat et renoncement à posséder sont connus pour être les cinq observances (yama). Celles-ci, associées aux disciplines, procurent plaisir et émancipation. La pureté, le contentement, la pénitence, l’étude des écritures, l’adoration de Dieu sont les disciplines (niyama).
Non-violence signifie ne pas blesser les êtres. La non-violence est la première des vertus. De même que les pas des voyageurs à pied pourraient être contenus dans le pas d’un éléphant, de même tous les actes vertueux sont dits inclus dans la non-violence.
La violence crée de l’anxiété, cause de la souffrance, des douleurs mentales et physiques, de la calomnie, c’est un obstacle au bien, une faille qui rend vulnérable, un déni du bonheur, une obstruction et elle engendre le meurtre. Ainsi, elle est de dix sortes.
La véracité se définit comme une parole extrêmement bénéfique pour les êtres. Dis la vérité. Dis ce qui est agréable. Mais ne dis pas la vérité qui ne plaît pas. Ne dis pas non plus un mensonge qui fait plaisir. C’est la vertu éternelle.
Le célibat est le refus du plaisir sexuel qui est octuple. Ses huit visages sont le souvenir, la louange, le jeu, l’œillade, la confidence, la résolution, les efforts et la consommation finale.
Le célibat est à la racine de l’action, sans célibat une action devient stérile. Même les anciens en âge et en sagesse, tels que les sages Vasiṣṭha, Candramas, le roi des dieux Śukra, Jupiter Bṛhaspati et le dieu créateur Pitāmaha ont été captivés par les femmes.
Les trois sortes de vin sont faits par la fermentation de sucre, de farine et de miel. La quatrième sorte de vin est connue sous le nom de femme, par lequel le monde est promptement illusionné. On s’enivre juste après avoir vu une femme, de même qu’on s’enivre de vin après avoir bu. Puisqu’une femme est comme le vin en étant fixée, il ne faut pas la fixer.
Une personne qui enlève de force le bien d’autrui, quel qu’il soit, atteint certainement l’état d’animaux inférieurs. Similaire serait le résultat après avoir mangé furtivement le beurre offert en oblation.
Un mendiant peut accepter un pagne comme couverture, un vêtement, un tissu qui protège du froid et une paire de sandales. Mais on ne devrait rien convoiter au-delà. Les vêtements sont pour la subsistance du corps. Le corps est associé à la vertu. Il doit donc être protégé avec soin.
On dit que la pureté est double, externe et interne. La pureté externe doit être maintenue au moyen de la terre et de l’eau et la pureté interne en nettoyant les sentiments. Celui qui est pur à ces deux égards est dit pur, et pas autrement.
On dit que le contentement est le sentiment de satisfaction à propos de tout ce que l’on obtient. La pénitence est la concentration de l’esprit et des sens sur un seul objet. On dit que la conquête des sens et de l’esprit est la première de toutes les vertus. La pénitence qui satisfait tous les désirs est triple, à savoir orale qui consiste en la répétition de formules sacrées, mentale qui consiste à éviter les désirs, et physique qui consiste en l’adoration des dieux.
Les Védas commencent par praṇava (la syllabe AUM / ॐ) et se terminent également par praṇava. Praṇava est l’ensemble des mots. Par conséquent, il faut répéter praṇava. Il est composé des syllabes a, u et m, cette dernière étant un demi-voyelle. Les trois voyelles représentent les trois Védas. Les trois mondes Bhū etc, sont ses qualités. Il représente également les trois états tels que la veille, le rêve et le sommeil profond. Il est également assimilé aux dieux Brahmā, Viṣṇu et Maheśvara. Les formes divines telles que Pradyumna, Śrīvāsudeva etc, sont toutes venues dûment de la syllabe Oṃ. Le praṇava auquel une voyelle n’est pas ajoutée ou celui qui est dépourvu d’une voyelle ou plus n’est pas de bon augure. Celui qui a appris la syllabe oṃ est un sage et personne d’autre. La quatrième voyelle est dotée de l’accent et est indiquée sur la tête. C’est le quatrième, le Suprême Brahman, comme la lampe dans un pot. On doit toujours contempler ce Brahman et se reposer dans le lotus du cœur. Praṇava est l’arc, l’âme individuelle est la flèche et on dit que Brahman est sa cible. Il faut le savoir avec assiduité et s’unir comme la flèche. Cette syllabe unique est Brahman. C’est l’entité suprême. Une personne qui connaît cette syllabe obtient ce qu’elle souhaite obtenir. La déesse Gāyatrī est la métrique. Le seigneur intérieur est connu pour être son sage. L’âme suprême est sa divinité. Cette application apporte plaisir et prospérité. Bhūḥà l’âme du feu est la formule qui consacre le cœur. Bhuvaḥ à l’âme de Prajāpati est la formule qui consacre la tête. Svaḥ à l’âme du Soleil consacre l’arrière du crâne. Oṃ bhūr bhuvaḥ svaḥ est l’armure, de là l’âme de la vérité qui est l’arme. Après avoir fait l’adoration au seigneur Viṣṇu, il faut répéter cette formule dans un souci de jouissance et d’émancipation.
On obtient les même mérites qu’en offrant des oblations de sésame aux ancêtres ou de beurre clarifié aux dieux. Une personne qui répète la syllabe douze mille fois chaque jour obtient la manifestation du Suprême Brahman en douze mois. Par la répétition de la syllabe un million de fois on gagne les pouvoirs comme aṇimā, etc. On gagne la grâce de la déesse Sarasvatī en répétant la formule cent milles fois.
Les rites sacrificiels pour le seigneur Viṣṇu sont de trois sortes, védiques, tantriques et mixtes. On devrait adorer le seigneur Hari par l’une de ces trois méthodes.
La position que l’on gagne en se prosternant à plat sur le sol comme un bâton et en adorant le seigneur Viṣṇu, on ne la gagnerait pas au moyen de l’exécution de centaines de rites sacrificiels.
La portée de ce qui est ici expliqué devient manifeste pour les grands hommes qui ont une dévotion extrême pour le dieu et pour le maître.