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Unmanī Rāma

Par Aghorācārya Kīnarām

Je m’incline devant la conscience suprême qui pénètre tout chose, qui est sans fin et connue seulement par l’expérience directe.

  1. Celui qui a réalisé qu’il n’a jamais été enchaîné, pourquoi ferait-il un effort pour se libérer ? Loin de l’ignorance, un tel être s’établit dans la connaissance droite. Il ne peut être appelé fou ou sage.
  2. Un vrai maître n’est trouvé que par la grâce du suprême. Qui, si ce n’est le vrai maître, conférera la connaissance droite ?
  3. Seul un vrai maître peut conférer les moyens de traverser l’océan de la vie mondaine. De même qu’un batelier possède un bateau pour traverser le fleuve, le vrai maître a le navire pour traverser l’océan de la vie mondaine.
  4. Ce monde est une maladie chronique qui a infecté tous les êtres. La connaissance droite est le seul remède pour y échapper. Une telle connaissance est obtenue seulement quand le chercheur contemple constamment ce qu’il est et qui a créé ce monde.
  5. On ne devrait pas même rester une seule journée sur une terre aride ; mais aspirer à demeurer sous l’arbre qui donne du fruit et protège de son ombre – que son apparence soit attrayante ou non.
  6. Même si un ascète n’enseigne pas formellement, sa compagnie est désirable, de simples mots prononcés par un sadhu d’une manière simple sont en fait des enseignements.
  7. Par la compagnies des réalisés, une personne vide est comblée, les morts reçoivent une nouvelle vie et la mauvaise fortune s’éloigne.
  8. Toutes les tendances mentales des réalisés sont évanouies. C’est seulement afin d’accomplir leur temps imparti qu’ils vivent dans le monde. Délaissant de tels êtres, vers qui se tournera donc l’ignorant ?
  9. Quelques soient les enseignements ou la sagesse que le maître confère à un disciple bien disposé, pour ce dernier, cela devient connaissance, richesse et discipline.
  10. Ô aspirant, ce qui t’a été enseigné, applique le ; il n’est qu’une chose qui soit connue comme pure : vérité, conscience et félicité.
  11. Au lieu de chercher Dieu dans les textes et auprès des maîtres, plonge en toi-même. Établis-toi en toi-même et tu expérimenteras Dieu. Ceux dont la perception est sans objet sont capables d’accomplir cela.
  12. Le maître dit : ô aspirant, en laissant son égo, on devient capable d’obtenir une direction dans la connaissance et sans beaucoup d’efforts, les liens sont coupés.
  13. Bien que portant le collier autour du cou, lorsqu’on l’oublie, on le cherche partout et on ne le trouve pas. Il en est de même pour Dieu ou l’âme. Il n’y a pas besoin de regarder ailleurs, Dieu est présent en nous, nous ne devons qu’effacer les doutes et nous en souvenir.
  14. Bien que les plaisirs des sens apparaissent plaisants au début, ils finissent par devenir causes de souffrance comme du miel mélangé à du poison. Les infortunés qui ne sont pas établis en eux-même en parvenant à se détacher des plaisirs mondains, ne savent pas qui ils sont.
  15. L’aspirant disposé ayant restreint ses fluctuations mentales prend le monde pour ce qu’il est : du poison. Sûrement, un tel être sera enclin à reconnaître qui est son vrai ami : l’âme.
  16. C’est en raison d’aspirations et de déterminations fausses qu’on coule dans un océan de misère sans même s’en rendre compte. Il pourra atteindre une joie illimitée seulement après avoir renoncé à de telles aspirations.
  17. Comme des cauchemars d’une heure apparaissent comme des vies entières de misère, il en est de même pour l’illusion du monde, née de l’illusion.
  18. Celui qui illuminé par une sagesse au-delà des attachements envers « j’aime » et « je n’aime pas » sait que l’absolu se reflète en lui-même comme vie et témoin. En d’autres termes, la création entière est contenue dans l’absolu, qui est un témoin à part entière.
  19. Percevant le monde justement, qui s’élève au-delà des distinctions de l’esprit peut se remplir de vie en stabilisant les fluctuations de son esprit au sein même de la conscience, et devenir pur.
  20. C’est seulement l’éther du cœur qui disparaît à la mort du corps. Pensant que l’âme est morte, on ne s’afflige pour rien.
  21. L’espace au sein d’un vase émerge dans l’espace extérieur quand il se brise. Il en va de même pour le corps humain, après la mort, l’âme qui demeure dans l’espace du corps n’est pas détruite mais émerge en Brahman.
  22. Brahman est très mystérieux, bien qu’il prenne la forme du monde en mouvement, il ne s’y implique pas. Brahman n’est ni l’ami ni l’ennemi de quiconque.
  23. Ô aspirant, l’âme pénètre éternellement toute chose comme le ciel. Elle est indestructible, subtile et pure, source de félicité, elle ne naît ni ne meurt.
  24. Celui qui en vient à réaliser que cette âme est félicité éternelle sans commencement, milieu ni fin, invisible mais présente en toute chose, obtient une grande joie.
  25. La vie de celui qui erre de porte à porte comme un mendiant dans un voisinage misérable est plus désirable que celle d’un ignorant. Celle d’un ignorant est pire.
  26. Pourquoi être pris dans la boue de la maladie, de la détresse et de l’attachement ? En réalité, l’âme n’a aucune relation avec les souffrances du corps, qui sont perçues comme souffrance seulement en raison de l’ignorance.
  27. Par un esprit discipliné et stabilisé, le monde né de l’illusion est annihilé. Un tel esprit est stable et droit comme une baratte au milieu d’une jarre à lait.
  28. C’est en raison des cogitations et des doutes que le monde en mouvement se crée et s’annihile. C’est en réduisant le souffle et les passions que l’esprit de surface cesse.
  29. Le monde visible en réalité n’a aucune substance. Il apparaît existant seulement en raison des doutes de notre esprit. Par la cessation des doutes, le monde est réduit en cendre.
  30. Comme lorsque l’on regarde l’image d’un serpent, on sait qu’il n’est pas réel, et ainsi, on n’en a pas peur ; de la même manière, pour un sage, le monde tel qu’il apparaît n’a aucune réalité.
  31. C’est en raison de l’illusion de l’esprit que ce monde apparaît et nous torture comme un fantôme. Contempler le Brahman purifie, et ainsi éloigne le fantôme.
  32. Ô aspirant, bonheur et malheur sont dues à l’illusion. Les créatures persistent à demeurer en sa compagnie sans comprendre sa vraie nature. La prenant pour douce, c’est la source de toutes les souffrances.
  33. Bien que l’illusion soit une image, tout le monde tombe dans le panneau. Comme cela est étrange que l’âme qui pénètre tout le corps soit incapable de se voir elle-même.
  34. Tout ce qui est vu ne peut être la vérité, c’est juste un mirage ou une danse macabre, cela apparaît réel, mais en fait cela ne l’est pas.
  35. Ceux qui se détachent du monde et qui ne sont plus attirés par lui, prenant l’âme pour éternelle, s’établissent dans le Soi.
  36. Dans le miroir expansif de l’esprit, tout est réfléchit comme les arbres à la surface d’un lac.
  37. Les cycles de naissance et de mort sont une création de l’esprit. Après avoir connu l’âme, cette illusion est retirée comme après avoir reconnu que le serpent était en réalité une corde, la peur s’évanouit.
  38. Dans le but d’échapper à la souffrance, les êtres humains amassent différents objets de plaisir, au lieu de s’en libérer, ils s’y engluent et souffrent encore plus. La seule manière d’en sortir est de renoncer au désir de jouir.
  39. Comme des millions de vagues tumultueuses naissent d’un océan calme, ainsi sont les sens et l’esprit, nés du Parabrahman.
  40. C’est l’esprit qui fait croire qu’un monde illusoire est réel, comme un magicien fait croire qu’une chose est réelle dans un spectacle de magie.
  41. Comme un fantôme qui torture un enfant possédé, jusqu’à la mort, ce monde sans substance qui persiste comme étant réel, continue de tourmenter l’ignorant.
  42. Un ignorant qui ne connaît pas l’or se réjouit par la seule apparence d’un bracelet, mais le sage ne se réjouit pas des apparences, mais en reconnaissant de quel métal est-il fait.
  43. Animé et inanimé, stable ou en mouvement, et tout ce qui est visible, tout cela est création de l’unique, qui est aussi le voyant.
  44. Pour l’ignorant, ce monde semble fait de misère mais pour le sage il est joyeux, comme pour l’aveugle le monde est plongé dans les ténèbres, tandis que pour les autres il est illuminé.
  45. Comme dans le ciel les nuages apparaissent et disparaissent après un temps, de la même manière, au sein de la pure conscience, le monde apparaît et disparaît.
  46. Celui qui tient les rayons du Soleil et le Soleil comme étant de même nature est un saint. Celui qui voit le Soleil dans chacun de ses rayons est celui qui a réalisé la vérité.
  47. Comme le subconscient produit des rêves à partir de pensées, si l’on pense clairement, on trouvera que c’est l’âme qui produit le monde.
  48. Le pur Brahman est comme un océan et le monde sont ses vagues. Comme les vagues continuent d’apparaître et de disparaître dans l’océan, ainsi va le monde, qui apparaît et disparaît au sein du Brahman. Il n’a pas d’existence propre. Tout est Brahman.
  49. Comme l’eau apparaît sous de nombreuses formes : écume, bulle, vague, goutte, rosée, etc, il n’en demeure pas moins que cela reste de l’eau. Ainsi le Brahman apparaît de multiples manières, et est nommé diversement, il n’en demeure pas moins qu’il reste le même, Brahman.
  50. Comme des ondes qui apparaissent dans l’eau d’un puits quand on y puise de l’eau et qui disparaissent, comme un mirage qui apparaît et disparaît dans le désert, de la même manière l’ensemble du monde apparaît de l’âme et disparaît en elle.
  51. Comme une corde dans la nuit apparaît tel un serpent mais qu’après s’en être rendu compte, la peur s’évanouit, de la même manière, après avoir connu la véritable nature du Brahman, le monde qui apparaissait en raison de conceptions erronées, disparaît.
  52. Quand on oublie l’âme, on voit le monde comme sa manifestation, comme quand on oublie la corde, elle apparaît comme un serpent.
  53. Dans le rêve, on ne s’éveille pas, et quand on s’éveille, il n’y a plus de rêves. De la même manière, en état d’ignorance, on perçoit la mort, et pour un éveillé, l’âme est au-delà de la vie et de la mort.
  54. Le monde n’est ni-existant ni non-existant, c’est une grande illusion. Bien qu’il devienne visible par l’expérience, il n’est compris dans sa nature profonde qu’après que l’âme ne soit reconnue.
  55. La connaissance est comme un feu qui brûle les flèches du désir. Détenir la vraie connaissance est l’enstase réelle. Demeurer simplement silencieux n’est pas l’enstase réelle.
  56. Celui qui a réalisé que le monde n’est rien d’autre qu’une forme de la conscience, celui-là vit comme le Brahman et demeure dans une félicité absolue.
  57. Celui qui tient à cette connaissance absolue après l’avoir obtenue est comme la pleine Lune qui dispense lumière et fraîcheur. Un tel être est comme le tout-puissant, et la source d’une félicité absolue.
  58. Celui qui contemple constamment le Brahman décrit par les Upaniṣad, s’élève au-delà du bonheur et du malheur et est éternellement libre.
  59. Comme les oiseaux et bêtes d’une forêt la fuient lorsqu’elle est en feu, de la même manière, après que le feu de la connaissance eut enflammé l’être, péchés et propagandes l’abandonnent pour toujours.
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