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Les graha

Les grahas sont des planètes en astrologie védique. Ils sont considérés comme des forces cosmiques. Le ciel observable est une lecture de notre univers intérieur influençant les êtres humains et leur destinée.

Il y a neuf graha principaux en astrologie védique : Surya (le soleil), Chandra (la lune), Mangal (Mars), Buddha (Mercure), Guru (Jupiter), Shukra (Vénus), Shani (Saturne), Rahu (la tête du dragon) et Ketu (la queue du dragon). Chacun de ces grahas est associé à des caractéristiques spécifiques et à des domaines de la vie humaine tels que la santé, la richesse, la carrière, la famille, etc.

Mais ces forces mystérieuses se métamorphosent au gré des savoirs qui les appréhendent. Tantôt planètes dans les traités astrologiques, tantôt démons dans les écrits médicaux et tantriques, ils transmutent en divinités dans la littérature rituelle et dévotionnelle. Comme des étoiles filantes, ils traversent les différents domaines du savoir, laissant dans leur sillage une traînée d’émerveillement et de mystère.

Ces puissances mystiques, véritables joyaux de la connaissance, déploient une palette d’attributs divers et variés. Et c’est dans cette profusion de caractéristiques que se révèle un laboratoire d’analyse fascinant, une occasion unique d’explorer les liens subtils qui unissent médecine, astronomie et spiritualité. Tel un kaléidoscope étincelant, leur étude offre un véritable voyage initiatique, une plongée envoûtante dans l’univers des mystères et des possibles.

Dans les traités ayurvédiques du Mahābhārata et des écrits tantriques, les graha se révèlent tels des démons invisibles, impitoyables attaquants des êtres humains qu’ils accablent de souffrances et de maladies. 

La liste des graha, agents de possession, est interminable et évolue au fil des siècles dans les textes ayurvédiques et tantriques. Comme une constellation en constante expansion, elle se nourrit des éléments de la démonologie populaire pour former une galaxie complexe et fascinante. 

Buthavidya, une des spécialités de l’ayurvéda qui est l’étude de la psychiatrie* énumère quelqu’une de ces catégories de puissances, incluant les dieux (Deva **) , les musiciens célestes (Gandharva), les ancêtres (Preta), les esprits serpents (Naga), les démons Asura, Rākṣasa, Piśāca et Śakuni. 

Dans cette multitude de graha, les neuf bālagraha***, littéralement « saisisseurs d’enfants », se distinguent particulièrement. Principalement féminins, ces entités pénètrent le corps des enfants (bāla) ou des femmes enceintes, leur infligeant douleurs et maux. Les sections pédiatriques des textes ayurvédiques détaillent les pathologies causées par ces neuf graha, ainsi que les remèdes pour soulager les souffrances de ces « saisisseurs ».

Śivā et Parvati , avec les gardiens des directions et les neuf planètes
Photo : Feu John T. Anderson

En jyotiṣaśāstra, la doctrine astrale, les graha, ces corps astraux, prennent une autre destinée. Ils ne sont plus démons, mais planètes, qui, dans leur danse cosmique, dessinent tantôt une trame bienveillante, tantôt une trame destructrice. 

Cette vision semble détenir l’énergie de l’homme moderne qui a choisi d’interpréter les mouvements célestes pour savoir s’ils allaient posséder tel ou tel désir. Mais celui qui possède n’est-il pas possédé par ce qu’il possède ? 

Les graha sont également utilisé dans la médecine ayurvédique. D’ailleurs dans les temps reculé, les astrologues étaient à la fois des médecins et des personnes hautement réalisées.

Il était nécessaire de connaître à la fois l’astrologie et l’ayurveda dans une profonde spiritualité pour comprendre l’étendu du système des 3 corps : physique, astral et causal et de déterminer l’origine de la maladie. 

Les maladies contagieuses sont purement physiques mais infecte l’hôte dès lors qu’il y a une faille ou une faiblesse psychologique. Cela rejoint également la définition de la «possession» selon Caraka Samhita.

Tandis que d’autres maladies proviennent du système mental et sont psychologiques ou héréditaires. Pour les déchiffrer nous devons les étudier sur le plan astral et agir au moyen du son.

Malgré leurs différences, les graha démons et les graha planètes partagent une caractéristique commune : ils saisissent les êtres humains contre leur gré. Mais là où l’action des graha démons est négative, imprévisible et souvent dangereuse, celle des planètes est plus subtile, plus calculée et prévisible. Les planètes peuvent être bénéfiques, maléfiques ou neutres, selon leur position dans l’horoscope, et leur influence peut être décrite en termes de « fruits ». Mais là encore, plus un «fruit» est considéré comme précieux en raison de l’attachement émotionnel que nous lui conférons, plus l’esprit se nourrit et possède son hôte. En conclusion, lorsque la question est posée, il est toujours question de «possession».

Dans l’immensité du ciel étoilé, Les graha, ces astres mystérieux, sont là, éloignés de nous, mais pourtant si proches. Ils sont la lecture universelle de notre esprit. L’esprit humain est un univers complexe que l’on tente de percer à travers le Jyotish. Nous pouvons nous laisser absorber dans ce kaléidoscope. Ce chaos mental est tissé par une grande araignée, notre mental lui-même.  Les Yoga Sutra de Patanjali nous enseignent d’instaurer en nous Aparigraha. Quand nous sommes en dehors des problèmes (en dehors des planètes), cela s’appelle Aparigraha. Une planète engendre la dualité, et la dualité nous éloigne de Dieu. 

Chaque planète est capable de posséder l’esprit de son hôte. Il n’y a pas de planète bénéfique pour celui investi d’une quête, il y a juste des démons qui s’infiltrent à la moindre faille. Bien entendu nous vivons dans ce monde, mais ce monde n’est-il pas mental?
Alors levons les yeux vers le ciel étoilé, écoutons la musique des astres, leur langage enchanté, et apprenons à danser avec eux, dans cette valse cosmique.


Notes :

* Lire à ce propos Les clefs de la psychologie ayurvédique, Morgan Vasoni, éd. Le Refuge du Rishi, 2021.

** Cf. l’article Possédé par les Dieux

*** Cf. l’article Les « sorcières » de notre enfance

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