L’astrologie est un art, l’art de créer, ou plutôt, de co-créer avec la Vie. L’astrologue est le véhicule de la Déesse Sarasvatī, Devī de la connaissance, des arts et de l’éloquence. Par cette union (yoga) avec la Déesse, l’astrologue ou le voyant devient le messager de la Création, tout en prenant part à la manifestation.
Dans ce yoga, le jyotiṣi possède vākshakti, l’énergie des mots (/https://revueyoga.fr/2024/04/12/vakshakti-vaksuddhi-au-commencement-etait-la-parole/).
C’est uniquement dans l’union entre l’astrologue et la Déesse, que l’astrologie devient un art divinatoire, une expression créative et unique de la Conscience dans le Manifesté.
Il existe une grande pluralité de techniques divinatoires issues du sous-continent Indien. Ces exercices de prédiction sont au cœur même des cultures et traditions ancestrales.
Je tiens à souligner que la prédiction est un art et une science délicate, subtile, qui nécessite de nombreuses années d’étude. Il semble important de mettre en garde le lecteur face à cet outil, à la fois puissant mais possiblement dévastateur, pour celui recevant une fausse prédiction, ou encore, pour celui qui ne serait pas prêt à entendre certaines réponses. Le discernement est donc de rigueur.

Avant la divination : emphase sur le daivajña (voyant)
Pour devenir artiste de la divination, l’astrologue doit développer puis posséder certaines qualités essentielles.
Le Bṛhat-Samhitā (texte du 6e siècle) et le Praśna Mārga (1649 AD JC), listent les vertus indispensables : par nature, l’astrologue doit être d’une noble famille, d’apparence agréable, de confiance, sans jalousie, humble et modeste. Ses mains doivent être fines, sa voix douce et de bonneconstitution physique. L’astrologue doit avoir des habitudes saines, être éloquent, calme, posséder de l’imagination, ainsi que les connaissances du temps et des lieux. Il s’avère si sage qu’il est difficile de le contredire. Éloigné des vices, il est fin connaisseur des rites et cérémonies. Priant les devas,il est savant des sciences occultes. Il jeûne et est capable de mobiliser les ressources face à toutes difficultés. Le jyotiṣi maîtrise l’astronomie, les sciences naturelles (samhitā) et la lecture d’horoscope.
Varāha Mihira (auteur du Bṛhat-Samhitā) liste 4 pages de connaissances essentielles à l’astrologue, comme par exemple : yugas (cycles), varsha (année), ruthus (saisons), māsas (mois), paksha (quinzaine), horas (heures) … L’astrologue lit également la nature : des tremblements de terre, aux plantations, en passant par les croassements des corbeaux et la construction des bâtisses.
Tous ce savoir permet à l’astrologue de répondre aux questions et objections des questionneurs de façon claire, avec pureté, et dans un langage distinct.
Le Praśna Mārga complète en rajoutant que l’astrologue doit être familier avec les Védas, Tantras et Mantras. A ce moment, il pourra être appelé daivajña (voyant), et ses prédictions ne seront jamais fausses.
Ainsi, ce que l’on nomme voyant, est un individu, à la fois maître de la matière et des sciences, mais également véhicule de la Devī, par sa sagesse. Seulement dans ces conditions, un jyotiṣi pourra prétendre à offrir des prédictions.
Ci-dessous seront listées les différentes techniques divinatoires utilisées par les éclairés. Ces outils n’ont de sens que pour un pratiquant sage, dont la connaissance et la pratique spirituelle permettent la manifestation de la Conscience.
L’études des signes ou nimittas
La science des nimittas (étude des signes et messages de l’univers) sert particulièrement les astrologues, notamment dans leurs prédictions. Il est courant pour un jyotiṣi d’analyser son environnement avant et pendant une lecture afin d’y interpréter des présages.
« Lorsqu’un astrologue part vers la maison de la personne dont le futur doit être lu, il doit se souvenir de toutes les indications inquiétantes qu’il a noté lorsque le plaignant c’est approché de lui. » (Stance 1, The Astrologer’s Depature, Praśna Mārga)
Un article complet a été dédié à cette science des nimittas dans la revue Vāhana https://revueyoga.fr/2023/03/10/nimittas-signes-et-symboles-de-linde/
Le jyotiṣa et praśna, prédiction par l’étude astrologique d’une question
L’astrologie se divise en trois parties (skandhas) et six membres.
Les 3 parties sont : gaṇita – calcul astronomique, samhitā – observation du temps, de la nature, des volcans, des tremblements de terre, des terrains etc. et horā – l’interprétation.
Les 6 membres sont :
- gola –l’observation astronomique. C’est la fondation de l’astrologique – l’étude des planètes, des constellations et des évènements astronomiques comme des comètes etc.,
- gaṇita–le calcul ou le regroupement des informations astronomiques. Avant l’ère informatique et l’utilisation des logiciels d’astrologie, les astrologues pouvaient passer des heures à évaluer et retranscrire un seul horoscope. Cette technique implique des grandes connaissances en mathématique.
- jātaka –le thème natal, qui est la branche la plus connue de l’astrologie, celle de l’interprétation.
- muhūrta – le choix du bon temps pour un événement. L’astrologie d’élection nous permet de choisir le bon moment pour une action (voyager, concevoir un enfant, se marier …).
- nimitta –la prédiction des présages.
- Etenfin:praśna.
Praśna signifie « question, requête, enquête« , et est l’un des outils astrologiques permettant de répondre aux questions, pour ainsi, prédire l’avenir. Dans le cadre d’un thème praśna, l’astrologue tire la carte du ciel correspondant à l’heure et au lieu, au moment de la question posée. De ce thème, le jyotiṣi tirera des conclusions sur la réponse à donner au questionneur.
L’un des textes phares de cette science de la question est le Praśna Mārga, déjà précédemment cité. Cet ouvrage décrit les principes de la prédiction par l’étude astrologique… mais pas seulement.
Stance 12 : « Quand la question est posée, l’astrologue doit faire le point sur le temps exact (samaya), la nature du lieu occupé par le questionneur (deśa), la nature de sa propre respiration (svarayu), son état (avasthā), ce que le questionneur touche (sparśa), le signe astrologique arudha, la direction des lettres des mots prononcés (praśnakshara), la conduite du questionneur (sthiti), le mouvement (ceṣṭa), l’attitude mentale (bhava), son regard dans une direction particulière ou sur quelque chose (vilokanam), sa tenue (vasanam), et les sons ou signes indicatifs à ce moment (nimittas). »
Nous comprenons, de ces quelques lignes, la complexité de l’interprétation d’un praśna. La réponse astrologique, mathématique, ne suffit pas. Le voyant, doit analyser son environnement, afin de tirer des conclusions claires sur la réponse à donner au receveur.
Prédiction selon la posture du demandeur
La posture du demandeur joue un rôle primordial dans la divination. La citation précédente du Praśna Mārga nous confirme l’importance que joue le questionneur dans sa propre prédiction. Et cela passe, du point de vue de l’astrologue, par l’analyse de la position du questionneur dans la pièce, de ses mots, de ses actes, de son regard, de son attitude mentale (est- il calme ou anxieux par exemple), et même de sa tenue vestimentaire.
De même, la deuxième stance du premier chapitre du Praśna Mārga entame l’ouvrage ainsi : « L’astrologue doit toujours être à l’affût si une personne l’approche pour une prédiction.Il doit examiner soigneusement son apparence, ses mouvements et actions ainsi que les sons ou signes de bons ou mauvais augures. […] »
L’apparence peut en dire long sur notre futur. Notre présent détermine notre avenir. De telles indications pourront se valoir également au regard de la psychologie moderne lorsque l’on cherchera à déterminer les modèles de fonctionnement d’une personne via son comportement.
Modèles qui pourront (pré)déterminer l’avenir de l’individu
« Nous sommes ce que nous faisons» disait Aristote.
La posture est même étudiée en amont de la consultation astrologique, puisque le questionneur doit anticiper la venue du daivajña.
Praśna Mārga. 3 – « Le demandeur doit choisir un jour lunaire auspicieux, une constellation et un jour de la semaine favorable. Il doit rencontrer l’astrologue tôt le matin, avec un humble cadeau et lui poser sa question avec une attitude respectueuse. »
Il est intéressant de noter que le questionneur se doit de connaître les bases du calendrier soli-lunaire. Car ainsi, il devient acteur de son futur et maître (en parti) de la réponse qu’il obtiendra.
Le respect et l’humilité sont également de rigueur. Strophes 4, 5, 6 – « Seule une requête humble mérite une réponse. Aucune prédiction ne doit être faite si la personne ne l’a pas demandé, ni pour tester l’astrologue. […] »
Une grande bienveillance à l’égard, pas seulement de l’astrologue, mais de l’astrologie, est aussi demandée au receveur. Cette posture est essentielle. Sans elle, la Conscience ne peut se manifester au travers des mots de l’astrologue.
«Les mots sont les passants mystérieux de l’âme » Victor Hugo – Le langage des oiseaux : praśnakshara au travers des vedāṅga
Nirukta ou l’étymologie, et vyākaraṇa, la grammaire font partis des six vedāṅga (sciences annexes des Védas), tout comme jyotiṣa. L’étude de ces sciences est indispensable à la prédiction astrologique.
Le langage des oiseaux est un concept fascinant, empreint de mystère et de symbolisme. Il ne s’agit pas d’une langue parlée par les oiseaux eux-mêmes, mais bien d’une langue fictive et secrète utilisée par les alchimistes, les poètes et les ésotéristes, qui permet d’analyser les symboliques cachés derrière les mots.
L’étude approfondit de la formulation d’une question est essentielle dans l’art divinatoire de l’astrologie : il s’agit de praśnakshara.
Praśnakshara concerne, non seulement la forme de la question posée (nirukta), la prononciation et la formulation (vyākaraṇa), mais également l’énergie vibratoire qu’émet la question.
En astrologie, chaque planète peut être associée à une vibration.
En sanskrit, les sonorités gutturales (ka, kha, ga, gha, ṅa) représenteront l’énergie guerrière de Mars. A l’inverse, les semi-voyelles, sibilantes et aspirantes seront associées à la douceur maternelle de la Lune : ya, ra, la, va, wa | sa, śa, ṣa | ha. Les voyelles : a, ā, i, ī, u, ū, e, o, au, ai, ḷ, ṛ, /ṝ, seront associées au Soleil, les dentales – ta, tha, da, dha, na à Jupiter. Mercure sera lié aux cérébrales – ṭa, ṭha, ḍa, ḍha, ṇa, Vénus aux palatales (ca, cha, ja, jha, ña) et Saturne avec les labiales – pa, pha, ba, bha, ma
Les slokas 109-110 du Praśna Mārga décrivent ainsi : « Si les mots du questionneur sont plaisants aux oreilles, auspicieux, cohérents et expressifs, cela prédit le succès, autrement non. […] De plus, cherchez l’ascendant de la première lettre prononcée par le demandeur et ensuite prédisez le résultat, bon ou mauvais selon le cas. »
Le ton employé par le questionneur sera significatif dans l’interprétation de la question. Par exemple : une voix douce et charmante rappellera les qualités de Vénus ; une intonation contrôlée et sérieuse celle de Saturne, une planète plus limitante que Vénus. Toutes ces informations seront combinées à l’analyse du thème à l’instant de la question. La première vibration prononcée sera aussi associée au thème du jour (le thème praśna), afin de guider l’astrologue dans la réponse à donner au questionneur.
Un langage décousu, un mutisme ou un excès de parole pourra également être le signe de la présence d’un bhūta, entité. https://revueyoga.fr/2023/01/17/possede-par-les-dieux/
Svara, prédiction par la respiration
L’étude de la respiration détermine dans un premier temps ce que peut expérimenter la personne réalisant un présage (puisque le voyant est le véhicule de Déesse). Dans un second temps, elle donnera des indications sur celui qui se questionne, ainsi que sur la situation dont il est question.
« Chaque jour, l’astrologue doit examiner sa respiration tôt le matin. Il doit diagnostiquer par quel nāḍī elle passe […]. Si la respiration passe visiblement au travers de la narine gauchele Lundi, Mercredi, Jeudi et Vendredi, cela est favorable. Si elle passe au travers de la narine droite le Dimanche Mardi et Samedi, c’est aussi favorable. Mais si elle passe au travers de la narine droite le jour de planètes bénéfiques et au travers de la narine gauche les jours de planètes maléfiques, les effets seront contraires. Des évènements signifiants peuvent être anticipésparl’étudedelarespirationautraversdes narines.» (Stanza 28-29, Examination of Breath, Praśna Mārga)
Cette analyse du souffle passe par l’étude de la forme de cette respiration pouvant alors être associée à un élément, mais également par son ampleur (la force du souffle à sa sortie). Dans certains cas, la respiration du questionneur sera aussi à analyser, tout comme la position physique de ce dernier, vis-à-vis de l’astrologue et de sa respiration (assis à gauche, à droite, en face) : deśa.
L’analyse du souffle est indissociable de la prédiction.
« La vibration est,sans l’ombre d’un doute ,intimementliée à prāna, l’énergie vitale. Les mots ne peuvent s’exprimer que par l’utilisation de l’air, dirigé des poumons vers la gorge et la bouche. Le souffle et la parole sont ainsi indissociables, tous deux au cœur de la création. »
Extrait de l’article : Vākshakti&vāksuddhi : au commencement était la Parole https://revueyoga.fr/2024/04/12/vakshakti-vaksuddhi-au-commencement-etait-la-parole/.
Prémonition par le feu
Le feu est l’essence même de la manifestation. Il réchauffe, brûle, purifie ou encore illumine. Représenté par Agni, il est le messager divin et l’intermédiaire entre les Hommes et les Dieux. Par l’analyse de la flamme, le feu révèle la vérité. https://revueyoga.fr/2023/05/04/agni-divinite-du-feu/
Praśna Mārga, Signification de la lampe, stance 5 : « Dans tous les praśna, […], la lampe joue une part proéminente, en tant que messagère du futur. Si la flamme est plaisante et lumineuse, cela annonce le bien. »
A l’inverse, une flamme qui tournerait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, peu lumineuse, qui ne resterait pas allumée malgré les efforts, se séparerait en deux ou se secouerait, annoncerait un pronostic mauvais.
Le thème astrologique de la question ou praśna, l’interprétation des signes lors de la lecture, la posture du questionneur, ses mots, son souffle ou encore le feu, sont tout autant d’indications essentielles à la divination. Mais il existe encore bien d’autres outils à l’art de la prédiction.
Réponse au praśna par les feuilles de bétels
Le bétel (piper belle) ou tāmbūla en sanskrit, est une plante grimpante originaire de Malaisie et du sud de l’Inde. Elle était déjà utilisée 400 ans avant JC, notamment pour ses propriétés antiseptiques, anti-inflammatoires et hépato-protectrices. La croyance populaire rapporte quelques légendes autour de la feuille de bétel : plongée dans l’eau, elle pointerait toujours vers le Nord par exemple. Ses propriétés neurologiques en feraient une plante clé du système nerveux, elle est, en outre, idéale dans la réalisation des rituels.
Praśna Mārga, Prédiction par les feuilles de bétels, stance 47 :
« Par l’analyse des feuilles de bétels présentées par le questionneur, le bon ou le mauvais résultat se rapportant aux 12 maisons pourra être prédit. »
Pour cette technique, le questionneur récole douze feuilles de bétels, certaines dans de bonnes conditions, et d’autres non. Chaque feuille représentera une des douze maisons du thème astrologique. La qualité de la feuille déterminera si la maison est endommagée ou non, et permettra de donner réponse au questionneur. Pour donner un exemple : si la question concerne la longévité, l’astrologue comparera les feuilles représentants les maisons 1 et 8, ainsi que leur état. Cela permettra de déterminer l’état de santé d’un individu notamment en cas de maladie.
Divination par les feuilles de palmier
D’autres feuilles peuvent également servir de support à la prédiction : les feuilles de palmier.
Vous ne le savez peut-être pas, mais votre thème natal fût probablement inscrit sur des feuilles de palmier il y a des milliers d’années. Il y a environ 2 000 à 3 000 ans pour être plus précis.
Il est dit qu’à cette époque, les ṛṣis étaient si purs de cœur et d’esprit, et qu’ils avaient atteint un niveau de conscience si élevé, qu’ils pouvaient voir à travers le temps et l’espace. Ils purent ainsi visualiser la vie future de millions de personnes, et décidèrent alors de préserver ces visions pour l’éternité sur des feuilles de palmier séchées.
Cette technique de divinisation est appelée nāḍi, qui dans l’ancienne langue tamoule, signifie « à la recherche de ».
Malheureusement, tout le monde n’aurait pas sa destinée inscrite sur une feuille de palmier. Seuls quelques heureux élus en auraient eu l’occasion. Pour les plus chanceux, cette lecture ne peut être réalisée que par un astrologue formé et ayant accès aux archives de ses feuilles. Cette technique allie à la fois jātaka (lecture de thème natale) et prédictions.
L’aṣṭamaṅgala, présage par les coquillages
Les coquillages cauris sont un symbole de fécondité, de plaisir et de chance, et ont été, pendant des siècles, l’une des devises les plus répandues au monde. Outre son aspect financier, les cauris servent également d’outils de divination.
« […] les coquilles marines […] solidarisent le mort avec le principe cosmologique, Lune, Eau, Femme, le régénèrent, l’insèrent dans le cosmique et présupposent, à l’image des phases de la Lune, naissance, mort, renaissance. » Breuil, in Serge
Aussi appelées kaparda en saṃskṛtam, ces coquilles sont un moyen de prédiction absolument incroyable, associées à l’astrologie praśna. A l’image du tarot de Marseille, cette technique appelée aṣṭamaṅgala, nécessite vingt-et-un coquillages, à diviser en groupe de trois poignées, de manière intuitive.
aṣṭa- huit
maṅgala – amulette, auspicieux, fortuné
Si le nombre de coquilles est supérieur à huit dans un des trois groupes, ce nombre sera divisé afin d’obtenir un chiffre entre 1 et 8, pouvant être associés à une des huit planètes visibles dans le thème praśna. Cette technique ne prendra pas en compte Ketu (neuvième planète) comme indicateur.
Nous obtiendrons trois indications sur notre question :
- le passé, l’esprit ou le mental (manas)
- le présent, le prāna ou la conscience
- le futur, le corps physique
Chacun des trois chiffres obtenus sera donc associé à une planète. Par exemple, le 1 sera relié au Soleil. Ainsi, le domaine en question sera interprété par rapport à la position du Soleil dans le praśna.
Certains calculs supplémentaires permettront d’associer ces trois chiffres aux : tithis, nakṣatras, rāśis, vāras (https://revueyoga.fr/2023/05/15/le-calendrier-lunaire-panchang/), afin d’obtenir une date par exemple.
Hasta Sāmudrika Śāstra : la chiromancie
Hasta sāmudrika ou chiromancie, chirologie est l’étude des lignes de la main, mais également de leurs formes. Science millénaire pratiquée au travers de nombreuses cultures, elle est indissociable du jyotiṣa et fait partie des grandes études sāmudrika shastra incluant également la lecture du visage (mukha sāmudrika) et du corps (kapāla sāmudrika).
La pratique de la chiromancie aurait d’ailleurs été importée par les gitans, manouches et tsiganes, originaires d’Inde, vers l’Occident (https://revueyoga.fr/2023/12/21/yogis-charmeurs-de-serpents-et-gitans/).
Dans un premier temps, l’étude des lignes de la main est essentielle à l’interprétation du thème natal, jātaka. En effet, la plupart des individus qui peuplent la terre n’ont pas connaissance de leur heure de naissance. Certains ne connaissant même pas leur date de naissance (les personnes élevées en foyers par exemple). La chirologie permet d’offrir une compréhension et une interprétation de la vie du natif, sans pour autant connaître la date et l’heure de naissance de la personne. En effet, la forme et les lignes de nos mains contiennent des informations sur qui nous sommes.
Mais hasta sāmudrika sert également à praśna. Car les lignes des mains bougent, changent et se transforment au fil du temps. Tout comme nous évoluons au cours des années. L’analyse chiromancie sert à comprendre quelle tournure prendra notre vie au moment de la prédiction par le voyant.
L’étude de la main fait également partie de l’interprétation des cinq lakṣaṇas, indications ou symptômes, utilisés notamment en āyurveda. Ces lakṣaṇas sont l’analyse de la langue, des yeux, du visage, des oreilles et des mains. Ainsi, nos mains peuvent refléter notre état de santé physique, mentale ou encore émotionnel, globalement ou à un instant T.
Conclusion
L’astrologie est un art, symbole de la manifestation du Divin. Cette science ésotérique est à la fois véhicule de la Parole Vraie, vākshakti, mais également créatrice via l’astrologue détendeur de vāksiddhi.
La divination nécessite un réel talent artistique. Ces qualités se développent à travers l’étude et la maîtrise de certaines compétences, mais également grâce à la bénédiction divine. Cependant, le questionneur est, lui aussi, créateur de sa propre prédiction.
Ainsi, une lecture astrologique prendra en considération :
- L’inné – la position des astres à la naissance et aujourd’hui
- L’état actuel du receveur – les impulsions psychiques qui façonnent l’individu (sa posture, son regard, son état d’esprit…)
- Les indicateurs extérieurs, ou messages du Divin – les nimittas, le souffle, la flamme etc.
Nous pouvons conclure qu’une bonne divination ne peut se faire que par la présence : d’un bon astrologue, d’un questionneur conscient des enjeux de sa question, mais aussi de la Conscience elle-même.
Quelques conseils pour ceux qui aimeraient expérimenter les arts divinatoires de l’Inde :
- Pour qu’un praśna soit efficace, il est important de bien formuler sa question. Il est nécessaire de prendre le temps d’éclaircir vos pensées. Si votre esprit est confus et que vous pensez à de nombreuses questions différentes à la fois, alors le thème reflétera votre état d’esprit nébuleux et il sera extrêmement difficile, voire impossible, de répondre à votre question. Un conseil : écrivez toujours votre question avant de la poser. Cela vous oblige à penser de manière claire et concise. La question doit être formulée en une seule phrase. Plus la question est claire, plus la réponse le sera aussi.
- Ne posez pas de questions ouvertes comme « que dois- je faire de ma vie ? » ou, « quel type de travail dois-je faire?». Il existe littéralement des dizaines de milliers de réponses possibles à ces types de questions. Ce genre d’interrogation serait beaucoup mieux étudié dans une lecture de thème natale. Vous pourriez cependant poser une question stratégique comme « dois-je retourner à l’école?» ou « devrais-je devenir avocat ? ». La divination est principalement utilisée pour avoir une réponse sur un point clé, tandis que la lecture du thème natale est utile pour obtenir une vue panoramique de notre vie, plus générale. Utilisez le bon outil pour le bon travail. De même, les questions ambiguës du type « l’un ou l’autre» doivent être évitées car nous ne pouvons pas savoir à quelle partie de la question nous avons répondu. Similaire avec les questions du type :« soit / si / alors».
- Pour éviter de confondre le sens d’une réponse, il faut veiller à poser les questions avec une attitude positive plutôt que négative. Par exemple: Façon positive: «Dois-je rendre visite à Mr X? ». Si la configuration de la charte est positive, alors la réponse sera oui – sinon ce serait non. Façon négative: «Dois-je rester à la maison et ne pas rendre visite à Mr. X? »
- Ne posez qu’une seule question à la fois et ne posezpas exactement la même question dans un délai de trois mois (au même astrologue notamment). Laissez le temps à l’Univers d’agir. Parfois, nous n’aimons pas la réponse que nous obtenons, alors nous continuons de poser la même question dans l’espoir d’obtenir une meilleure réponse, mais cela n’a pas de sens. Si votre esprit est déterminé à n’obtenir qu’une certaine réponse, il sera préférable d’attendre avant de poser votre question. En d’autres termes, si vous voulez seulement un « oui»ou un « non» à une question, alors vous n’êtes pas vraiment prêt à recevoir une réponse. Aussi, ne présumez pas que quelque chose va se passer et demandez ensuite « quand X se produira-t-il? ». Pour certains événements de la vie comme le fait de trouver un emploi, avoir un enfant ou encore le fait de se marier, de nombreuses personnes supposent simplement que cela arrivera, alors ils demandent innocemment au praśna: « quand X arrivera-t-il?». Les indications du thème natal permettent de déterminer cela avec plus de précision qu’un praśna.
- Surtout: appliquez les remèdes. La magie de l’astrologie réside dans la réalisation des upāyas ou remèdes (mantra, yantra, service, charité etc.). Ces remèdes, combinés à la foi, permettent de faire face au karma inscrit dans le thème et dans la prédiction. Car la seule et unique chose qui pourrait interférer avec notre karma fixe (dṛḍha karma) est la Conscience Universelle, ou plus communément Dieu. Seuls sa volonté et son pardon peuvent nous libérer du karma auquel nous faisons face. C’est ce que l’on nomme prāyaścitta ou l’expiation chez les chrétiens. L’acceptation de nos erreurs et la volonté de nous améliorer sont les seuls remèdes pour réduire durablement les conséquences karmiques de nos actions. Donc, avant de demander un praśna, demandons-nous ce que nous souhaitons voir changer et comment nous pouvons déjà agir en accord avec ce souhait.
Enfin, n’oubliez pas que la vie a ses mystères, qu’il est préférable, parfois, de se laisser guider par la magie de l’incarnation tout en cultivant īśvarapraṇidhāna, la dévotion.
Sources :
- PrashnaMarga – Bangalore Venkata Raman
- Betel leaf: Revisiting the benefits of an ancient Indian herb – PMC (nih.gov)
Photos :
- Maeve Artist